ÉDITORIAL

L'ÂGE DE RAISON

par Marcel Stefanaggi

CORE a sept ans. Autrefois, on avait coutume de dire aux enfant que cet âge-là était l'âge de raison, qu'à partir de ce moment on devenait un peu plus responsable, un peu moins pris en charge, un peu plus indépendant.
Notre revue, Coré, a-t-elle suivi cette évolution ? Cela dépend de quel point de vue on se place. En ce qui concerne le financement, ce n'est certes pas encore gagné : Coré a toujours besoin de subventions, même si elle se vend régulièrement, par numéros séparés ou par abonnements. L'idéal serait naturellement d'être complètement indépendant de ces considérations financières, mais ce n'est malheureusement pas le cas pour l'instant. Pourtant, la revue commence à être assez connue dans le monde de la conservation, et appréciée d'un large public ; nous avons pu le vérifier au salon du patrimoine, où la SFIIC présentait sur son stand tous les numéros parus, qui ont remporté un vif succès auprès des visiteurs.

Nous nous sommes interrogés, avec l'éditeur, sur l'intérêt des lecteurs. Coré est une revue pluridisciplinaire, et touche à tous les domaines de la conservation. Jusqu'ici, un sujet principal dans chaque numéro constituait un dossier thématique : textiles, photographie, papier, cinéma, etc. Naturellement ce dossier, qui se veut complet sinon exhaustif, prend dans chaque numéro une place relativement importante, jusqu'à 60 % de la revue. Plus le dossier est important, moins il reste de place pour d'autres articles. Autrement dit, La qualité thématique se fait au détriment de la variété.

On a donc à choisir, du point de vue de l'éditeur, entre une qualité thématique qui intéressera un certain nombre de personnes, différentes pour chaque, ou une qualité de diversité qui intéressera sans doute les mêmes personnes régulièrement, D'après les échos recueillis ici et là, il semble que les lecteurs de Coré se répartissent en deux grandes catégories : ceux qui lisent Coré pour un sujet précis, selon le dossier qu'ils y trouvent, et ne lisent donc que les numéros concernés ; ceux qui perçoivent la revue comme plutôt généraliste, et qui lisent tous les numéros, en général en prenant un abonnement.

Il est difficile de contenter tout le monde. C'est pourquoi, afin de varier la formule, nous avons décidé que le dossier ne serait plus systématique, afin de laisser la place à une plus grande variété d'articles. Cette formule mécontentera sans doute certains, mais donnera satisfaction à d'autres. Néanmoins, dans chaque numéro, on trouvera un article " principal ", plus important que les autres, ou un mini-dossier, autrement dit deux ou trois articles (au lieu de six par exemple) faisant le point, de façon synthétique, sur un thème donné. Ceci étant, il n'est pas question de s'enfermer dans une formule rigide, " avec dossier " ou " sans dossier ". On dira simplement que la présence du dossier n'est plus systématique, mais qu'on se réserve la possibilité d'en faire un si l'on reçoit des propositions intéressantes dans ce sens.

En définitive, l'idéal serait que ce soient les lecteurs qui choisissent, puisque ils représentent la finalité de la publication. Coré n'est pas un produit commercial ordinaire, elle a pour but de faire circuler la connaissance sur un sujet encore confus pour une grande partie du public ; elle doit donc s'adapter - sans démagogie - aux souhaits de celui-ci. Et plus elle sera diffusée, plus elle remplira son rôle, et plus elle pourra devenir indépendante financièrement et remplir son rôle d'information. Aussi on ne peut que souhaiter que chaque lecteur fasse œuvre utile en faisant connaître la revue autour de lu.

Enfin, pour ce qui est de l'orientation générale (dossier thématique ou articles variés), nous demandons aux lecteurs de nous faire part de leur opinion et de leurs préférences et suggestions. Pour cela, écrivez soit par courrier à l'éditeur Epona, ou mieux, prenez quelques minutes et remplissez le petit formulaire que vous trouverez sur le site web de la SFIIC. Ces avis sont précieux : ils nous permettrons de mieux cerner les souhaits ou les regrets des uns et des autres, et nous ne manquerons pas d'en tenir compte.