DOSSIER MOBILIER
Les différentes étapes d'un meuble plaqué : restauration
d'un grand bureau à cylindre de Jean-François Hache.
(extraits de l'article)
Michel Jamet
ébéniste
restauration de meublespassez la souris sur l'image pour ouvrir le bureau... Introduction
Ce meuble célèbre, imposant par ses dimensions (Hauteur 1,27 m ; longueur 1,80 m ; profondeur 1,00 m), a été réalisé par Jean-François Hache, issu d'une famille d'ébénistes dont la production fut très importante au XVIIIème siècle dans la région de GRENOBLE. La famille HACHE s'est établie à GRENOBLE en 1699 et a cessé ses activités en 1801. Ce bureau d'une grande qualité a été exécuté vers 1770. La partie basse est encore très Louis XV par ses formes, alors que le décor des marqueteries est tout à fait Louis XVI (postes, grecques, entrelacs, piastres). Le meuble est signé sur le chant d'un tiroir et une étiquette "publicitaire" de Hache est apposée sur le fond d'un petit tiroir.
Etude technique
Le bâti est réalisé avec plusieurs essences de bois. Les pieds sont en chêne, les fonds, les côtés, les panneaux, les rideaux, les tirettes sont en sapin. Les tiroirs sont en noyer, et il y a quelques éléments massifs en châtaignier.
Les marqueteries sont constituées en majorité de bois indigènes - érable, houx, charme, buis, hêtre, poirier, épine-vinette - utilisés soit teints soit en couleur naturelle, et de quelques bois exotiques tels que l'amarante, le bois de rose et le satiné. Dans leurs réalisations, les Hache ont utilisé beaucoup de bois régionaux, en particulier des loupes d'essences variées, quelquefois les mêmes mais teintées de couleurs différentes. Cette restauration a permis de mieux connaître les matériaux et les techniques utilisés par cette famille de grands ébénistes. Les bronzes qui garnissent le meuble sont ciselés et dorés au mercure. Les serrures et les vis qui les maintiennent sont d'origine. Sur les côtés de la partie supérieure du cylindre, les tiroirs latéraux dissimulés dans la frise de "grecques" donnent accès à des casiers secrets .
IMPORTANT : pendant de nombreuses années, ce meuble a été utilisé en bureau plat. On avait alors déposé la partie supérieure (caisson + cylindre) qui avait été entreposée et conservée dans un grenier. De ce fait, le dessus du bureau avait été modifié, le plateau central coulissant avait été rendu fixe et solidaire du piétement. La remise en état de l'ensemble a permis de réunir de nouveau les deux parties du bureau.[................]
Etude - Proposition d'intervention.
En fonction des éléments et des problèmes posés, nous avons étudié les différentes possibilités et les méthodes les mieux adaptées pour restaurer ce meuble sans le dénaturer. En effet, toutes les techniques dont nous disposons actuellement ne peuvent s'appliquer indifféremment à tous types de restauration. Chaque meuble mérite une attention toute particulière, et une étude approfondie doit permettre de déterminer les moyens à mettre en œuvre pour que le meuble retrouve une certaine harmonie sans mettre en péril quelque partie que ce soit. Il est donc bon, avant toutes décisions, de procéder à des essais (dépose de placages, réhydratation, nettoyage, finition etc.) ; cela permet de limiter les interventions et de mieux connaître le matériau sur lequel on travaille. Les solutions hâtives et radicales sont souvent nuisibles pour l'objet à restaurer. Les solutions retenues ont été choisies en fonction des différents problèmes, du résultat final souhaité, en privilégiant l'œuvre à traiter. Le restaurateur doit faire preuve de beaucoup de discernement avant d'entreprendre toute restauration. Beaucoup trop de meubles ont été "remis à neuf" et de ce fait une partie de leur histoire est tombée en poussière !...
Intervention - Restauration
[................]Finition
[................]Conclusion
Ce meuble a été restauré en prenant soin de préserver son histoire et son intégrité. La restauration a été menée dans un esprit de conservation, permettant de sauvegarder tous les éléments constitutifs du bureau. Les interventions n'ont pas été faites à la légère, mais au contraire mûrement réfléchies, afin d'adapter le meilleur des techniques de restauration aux problèmes posés. D'ailleurs, plusieurs techniques ont été utilisées selon les cas : dépose partielle ou totale de certaines des marqueteries, réhydratation et conservation des colles animales anciennes etc. Les colles animales utilisées sont réversibles et permettent donc de redécoller placages et assemblages lors d'interventions futures.
Nous avons opté pour une finition à la cire, qui met en évidence le veinage des bois et donne un aspect plus chatoyant à l'œil que certains vernis clinquants. De plus, la finition cirée nécessite un entretien périodique au cours duquel on pourra faire un examen des différentes parties du meuble. Il est d'ailleurs souhaitable de pouvoir assurer une maintenance après restauration, mais celle-ci n'est pas toujours facile à mettre en place, faute de moyens appropriés.
Il est indispensable d'observer quelques principes de base élémentaires et nécessaires pour la bonne conservation des objets : environnement, climat, pollution, utilisation, stockage, transports etc. peuvent réduire à néant une intervention coûteuse et mettre en péril la vie du meuble.